Il y a maintenant un mois, j'ai participé à un atelier photographique sur le thème de la street photography. J'avais choisi ce thème parce que j'avais envie de sortir de ma zone de confort. La street photography, ça veut dire aller à la rencontre des gens, des inconnus, et pour une introvertie comme moi, ça n'est vraiment pas quelque chose de naturel !
La street photography, ça entraine de la proximité, de la réactivité, de l'adaptabilité. Il faut savoir saisir sur le vif une situation, une occasion qui va se présenter en un éclair de seconde, et disparaitre à tout jamais l'instant suivant. C'est un art difficile, il y a beaucoup de ratés, d'à peu près, mais aussi de déceptions et de frustrations, mais c'est un excellent exercice de lâcher prise et de spontanéité.
Au début du cours, j'étais vraiment décontenancée. Où regarder ? Que regarder ? Que prendre en photo ? Et si la personne me voit ? Comment va-t-elle réagir ? Il m'a fallu quelques minutes pour accepter ces questions, ces angoisses, et finalement les dépasser, me laisser prendre au jeu et commencer à m'amuser. J'ai alors pu me laisser aller à mon sens de l'observation (un de mes atouts...), et j'ai alors repéré une, puis deux, puis trois... situations qui pouvaient devenir intéressantes.
La recherche de l'émotion
Il y avait cette vitrine d'agence immobilière, avec trois ou quatre personnes en train de regarder les annonces, leur valise à la main. Ou ce salon de coiffure "Space hair", et cette dame à la touffe au vent que j'ai ratée de peu. J'ai décidé d'attendre un peu, en espérant voir débarquer des passants aux coiffures étonnantes et imaginer une composition teintée d'humour... Le cadrage ne me donnant pas satisfaction, je me suis finalement décidée à changer de cible, mais j'ai commencé à comprendre ce qui animait le photographe de rue. Les situations cocasses, le plaisir de saisir l'humain dans sa singularité, la recherche de l'émotion.
Un peu plus loin, je me suis postée en bas d'un escalier. J'ai un début de série que je trouve intéressante, une accumulation de portraits de gens qui passaient par là, et qui attiraient mon regard, pour X ou Y raison. Ce qui me plait le plus dans cette pratique de la photographie, c'est la recherche de l'émotion.
Alors oui, bien sûr, je me suis fait capter une ou deux fois. Dans certains cas, j'ai juste fait comme si de rien n'était, et j'ai continué ma route. Dans d'autres cas, j'ai osé aller au devant des personnes, je leur ai montré leur photo, et j'ai pris les coordonnées pour leur transmettre le cliché un peu plus tard, une fois la photo développée. J'ai eu le droit à un "air kiss", à un clin d’œil, à des sourires. La vérité, c'est que la plupart des gens réagissent bien. Et si ce n'est pas le cas, hop, j'efface et on n'en parle plus.
A la rencontre de l'autre... et de moi-même !
Cette séance photo a été bénéfique pour moi. J'y ai d'abord pris beaucoup de plaisir, je me suis amusée. J'ai retrouvé ce que j'aime chez "les gens", et aussi ce que je déteste le plus. Forcément, à observer ce que fait le monde, on s'aperçoit qu'il ne tourne pas toujours très rond. J'ai aussi, et surtout, appris beaucoup sur moi. Nous sommes nos propres freins, sans aucun doute. Au cours de cette séance photo, j'ai fait tomber certaines de mes barrières. Dans de futures situations similaires, j'aurai moins peur de franchir le pas et d'oser. Quand on est au clair avec le pourquoi de nos actes, en fait, tout devient très fluide, très naturel. La question de la légitimité ne se pose plus.
Les enjeux que nous posons au début d'une séance ne sont pas définitifs, et bien souvent arbitraires. Si je passe plus de temps et plus d'énergie à tenter de mettre en œuvre mon idée, plutôt qu'à la réfléchir et à la complexifier, alors j'ai plus de chances de parvenir à mes fins. Et si tel n'est pas le cas, j'aurais au moins appris en cours de route de mes expériences et de mes erreurs.
Je ne pense pas que les photos de cette sorties soient de celles qui marqueront les annales. Bien qu'il y ait de beaux portraits, je ne pense pas que je deviendrai célèbre pour ces clichés (lol). Mais pour moi, elles sont le symbole d'une barrière tombée, d'un obstacle franchi, d'un pas de plus vers ma liberté d'expression.
Et vous ? Est-ce que cela résonne en vous ? Vous pratiquez la photo de rue ?